D'une histoire vraie à une histoire reconstituée...

Publié le par Mélie et Lou


 

D’une histoire Vécue...

Le film d’animation tire du récit original (la nouvelle de Akiyuki NOSAKA) son thème principal : deux enfants livrés à la débâcle d’un pays en ruine et son sujet : la mort. Ainsi, le récit littéraire comme le récit cinématographique s’ouvre la nuit du 21 septembre 1945 par l’agonie dans l’enceinte de la gare déserte de Sannomiya, près de Kobe d’un jeune vagabond : Seita. Son esprit ayant rejoint celui de la petite Setsuko, sa sœur âgée de quatre ans, les fantômes des deux enfants montent à bord d’un train qui les ramène vers le passé jusqu’au jour des bombardements américains sur la ville de Kobe... leur maison est détruite, leur mère mortellement blessée, Seita et Setsuko trouvent refuge chez des parents éloignés. Malgré le rationnement des vivres et les alertes aériennes, des moments heureux jalonnent l’existence des réfugiés : une promenade nocturne et la découverte des lucioles, une escapade au bord de la mer... mais leur tante, pour qui la charge de deux orphelins devient vite un problème, leur fait subir brimades et remontrances...

Une mise en scène de deux deuils est retranscris habilement dans la mise en scène du film d’animation. En effet, la mort, et plus encore son apprentissage, le deuil sont très présents. Deuil, tout d’abord, que Nosaka entreprend, en écrivant la Tombe des lucioles pour enterrer symboliquement la petite sœur qu’il a laissé mourir en 1945 et avec elle ce sentiment de culpabilité qui le poursuit des années durant. Mais le titre évoque aussi le deuil accompli par la petite sœur elle même, creusant un trou dans la terre pour y enfouir, avec les insectes phosphorescents, le souvenir de sa mère morte sous les bombardements de Kobe (la mère adoptive de Nosaka est elle aussi morte lors des bombardements). Mise en abîme de deux deuils, l’un dans l’autre, comme deux sépultures ouvertes sur une profondeur béante que le récit entreprend de refermer.

...à une Histoire reconstituée

La question que se pose Takahata est celle des responsabilités dans l’issue tragique du drame : Celle de Seita tout d’abord car en dépit des apparences, ce qui le condamne c’est son incapacité à prendre la mesure de la réalité : sa trajectoire est constamment dictée par la fuite et la dissimulation. Celle des adultes ensuite car dénuée de toute affection pour les enfants comme de tout humanisme, la tante, si prompte à exalter l’effort de guerre, est sur plus d’un plan, coupable aux yeux du spectateur du déclenchement de la tragédie. De plus ni le paysan, ni le médecin ne saura manifester la moindre générosité. Celle de l’Etat japonais enfin car c’est le lendemain du jour où fut décrété le Plan général pour les orphelins de guerre que Seita décède dans la gare de Sannomiya. L’ironie tragique du drame est alors à son comble .

A travers cette ironie tragique, Takahata condamne sans appel la guerre et le nationalisme qui la sous tend. A l’instar d’Hergé dans Le lotus bleu ou de Nakazawa dans la série Gen d’Hiroshima. L’impérialisme japonais est ici dénoncé de façon plus ou moins virulente.


Publié dans Présentation du film

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